[HS]Le parcours du combattant d'un amputé

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paraglandeur
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[HS]Le parcours du combattant d'un amputé

Message par paraglandeur »

Trouvé sur facebook, l'histoire ubuesque d'un motard qui a dû subir l'amputation d'une jambe, et qui du coup, se trouve face à l'inhumanité de la machinerie administrative

L'original sur facebook
https://www.facebook.com/profile.php?id=100069979436502

Pour ceux qui n'ont pas l'accès, en voici la copie :


Visiblement, je suis sourd !
En préambule, sachez que je ne cherche en aucun cas à me fondre dans une critique facile du fonctionnaire. Je sais pour en être moi-même ô combien ces forçats manquent de moyens, notamment humains. Mais l’organisation et les procédures y deviennent tellement complexes que la maison des fous d’Astérix correspond de plus en plus à cette grande maison. Ah, je plains la pauvre personne sans formation, sans aide, qui à juste titre abandonne la lutte, au risque d’entrer en illégalité, face à cette montagne de papiers dont même les professionnels n’y comprennent plus rien.

Mais venons à mon cas particulier. Je me suis fait amputer de ma jambe gauche il y a 5 mois environ. Ce qu’il est important de savoir, c’est que lorsque l’on se retrouve dans ma situation, l’administration française nous ampute aussi de notre moyen de nous déplacer en nous suspendant tous nos permis de conduire.
Cela pourrait paraître normal dans certains cas, mais mon handicap me permet tout de même de « maîtriser mon véhicule en toute situation » si je conduis une voiture à vitesses automatiques. Il se trouve également que nous n’habitons pas tous dans des centres urbains bien équipés en transports publics et que la voiture reste la plupart du temps un moyen nécessaire pour essayer de passer au mieux les épreuves administratives que le handicap nous impose ; car en effet, en ces temps olympiques et paralympiques, un décathlon serait une ballade de santé face à l’opacité administrative et à la complexité des démarches nécessaires pour tenter de rester dans une pseudo-légalité.
Suite à mon opération, j’ai passé 2 mois dans un premier centre de rééducation à côté de Bordeaux, l’excellent centre de la Tour de Gassies. Les grands professionnels de ce site m’ont guidé sur les premières démarches à faire et m’ont même fait accéder, grâce à une auto-école, à la passation d’un test de validation afin de garder mon permis de conduire voiture à vitesses manuelles. Cette validation en poche, je me suis rapproché d’un premier médecin « expert » dont le nom faisait partie d’une liste émise par la sous-préfecture de Bayonne afin de tamponner le « cerfa 14880*02 » (formulaire normé avec des cases) pour refaire mon permis de conduire en y apposant la limitation « 03 » correspondant au port d’une prothèse de membre inférieur. Je vois déjà que j’ai perdu la moitié de mes lecteurs… Lors du rendez-vous d’un quart d’heure avec cette grande professionnelle de la médecine, cette docteure m’ausculte, me pose quelques questions, puis sans lire le rapport de l’auto-école me dit que pour des raisons personnelles, elle ne peut me valider qu’un permis pour vitesses automatiques ; s’ensuit une injonction de sa part d’un paiement de la consultation de 36€ en liquide non remboursé par la sécu…
Afin d’éviter de perdre les lecteurs qui sont arrivés jusqu’ici, je vais passer rapidement sur le fait qu’ayant également le permis moto, j’ai essayé de trouver une méthode, une législation, une procédure pour revalider également ce titre. Les seuls qui mon donné des informations sur la question sont des membres d’une association nommée Handicaps Motards Solidarité, me présentant un mode opératoire différent de la voiture, s’expliquant par le fait que je doive apporter des modifications sur un véhicule sans vitesses automatiques pour pouvoir le conduire. Ils m’ont également donné le nom d’une personne près de chez moi qui m’a été d’une très grande aide sur le fait de trouver une auto-école capable de me faire passer les tests de revalidation nécessaires.
Entre-temps, ayant trouvé un autre médecin expert ayant compris le sens de son métier et étant réellement impliqué dans la résolution de mon problème, j’obtenais enfin mon « cerfa » permettant de déclarer mon handicap sur le site gouvernemental de l’ANTS afin de revenir dans la légalité car… Depuis tout ce temps, je conduisais sans permis bien entendu !
La déclaration faite sur le site de l’état, les documents de preuves téléchargés, toutes les cases remplies comme il le fallait, j’ai commencé à relâcher la pression en me disant qu’une étape était en passe de se terminer, comme un dossier piquant issu d’une lutte de 5 mois qui se ferme enfin. Mon permis était accepté par l’administration et il était en transit par courrier. Lors de la réception de mon titre, quelle ne fut pas ma surprise, une fois les chiffres décodés, de voir que l’état français me considérait sans autre preuve de ma part comme sourd ou mal entendant (code « 02 »), et que ma voiture devait être équipée de rétroviseurs adaptés (code « 42 », mais je ne sais toujours pas ce que cela signifie) ! Ce n’était pas tout, on m’imposait la conduite d’une voiture automatique en apposant les limitations « 10 » et « 15 » pour mon permis voiture, alors que mon permis moto n’avait aucune restriction !
Pourtant, si les fonctionnaires avaient bien lu les documents que je leur ai téléchargés, il n’y aurait pas eu de quiproquo. En tout état de cause, je suis revenu dans l’illégalité car, même si j’ai dû acheter une voiture automatique pour des raisons pratiques lors de mon amputation, elle doit d’après mon nouveau permis, être équipée de rétroviseur adaptés et moi, de mes prothèses auditives…
Après tout, malgré ce parcours du combattant, que j’ai pu faire grâce au fait que je sois en arrêt de travail, une erreur est humaine. J’ai donc essayé de contacter des personnes humaines, bêtement par téléphone, pour pouvoir avoir une explication sur cette méprise et la possibilité de me retransmettre rapidement un permis adapté. Le numéro de téléphone inscrit sur le courrier accompagnant mon titre n’était qu’une bande informative, nous demandant d’effectuer les démarches sur le site internet de l’ANTS. Aucune possibilité d’obtenir un humain en bout de ligne.
Me voilà donc reparti sur le site ; et bien j’ai eu la chance de trouver un accès à un formulaire pour poser des questions. Pourtant, je ne me considère pas un manche en informatique étant moi-même informaticien, mais je vous avouerais que cette page cachée dans un coin de leur site n’est pas du tout en lien avec notre demande initiale et ressemble en tout point à l’envoi d’une bouteille à la mer. J’ai quand-même tenté de poser mes questions en rattachant ma réclamation à un pseudo-numéro de dossier trouvé sur la demande de mon nouveau permis.
À l’heure actuelle, n’ayant toujours aucune réponse sauf un questionnaire de satisfaction concernant le site de l’ANTS auquel j’ai eu la décence de ne pas répondre, je me suis décidé d’appeler ma sous-préfecture afin de pouvoir trouver des réponses légales à mon problème. Mais nous étions vendredi après-midi et les services de l’état n’ouvrent que du lundi au vendredi, de 9h00 à 12h00. Ça, c’est ce qu’on peut appeler du service au public.
J’ai tenté d’appeler le lundi aux heures d’ouverture, mais la boite vocale sur laquelle je suis tombé nous demande de contacter l’ANTS pour toute demande relatant des permis de conduire. On revient au paragraphe précédent ?
En désespoir de cause, je me suis rendu physiquement sur le site où règne le formulaire, le haut fonctionnaire et le service à la population, symbole de la déconcentration de l’état sur les sites provinciaux où vit la populasse en quête d’aides aux démarches. Je me suis retrouvé comme un gland devant cette forteresse fermée par des grilles hautes comme à Guantanamo, gardant les derniers spécimens des fonctionnaires d’état comme des animaux en voie de disparition. Là, un interphone attise ma curiosité car, agrémenté du logo PMR (Personnels à Mobilité Réduite), il proposait de faire entrer les personnes avec rendez-vous et celles en situation de handicap. Je sonne donc et une personne charmante me propose de faire le tour du bâtiment et d’aller le rencontrer vers l’entrée principale disposant… De 3 marches ! Bon, je suis handicapé, mais étant heureusement équipé de ma jambe, je suis même plus valide que la plupart des valides. Là, le fonctionnaire fragile, restant cantonné derrière sa grille de peur de ce handicapé aux muscles saillants, me dit d’une voix fluette de contacter l’ANTS. Sa tirade commençant à m’irriter quelque peu, je tente de lui expliquer mon cas d’humain à humain. Mais coupant ma phrase en se retournant sans un mot, il s’en va dans le bâtiment et revient une minute plus tard avec un quart de post-it sur lequel était inscrit un numéro. Néanmoins, il me dit gentiment que sa collègue ne travaille pas ce jour et qu’il faut appeler le lendemain en disant que je ne dispose pas d’Internet. Ce n’est donc pas une aide pour mon dossier mais pour avoir l’opportunité d’entrer dans la forteresse pour disposer d’une aide informatique...
Voilà, j’en suis là, l’état français reste donc étanche, retranché dans la prison de La Bastille. Il ne me reste plus qu’à attendre qu’un fonctionnaire zélé retrouve le message de ma bouteille à la mer.

Et en attendant, je continuerai de me déplacer en toute illégalité vu que l’état me force à le faire. Et si vous pouvez partager ce message pour essayer de faire bouger les choses, je vous en remercie par avance.
Modifié en dernier par paraglandeur le 01 sept. 2021, 18:21, modifié 1 fois.
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dgero
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Re: Le parcours du combattant d'un amputé

Message par dgero »

Aaaah la dématérialisation, les services en ligne, les N°qui ne décrochent jamais......

Outre son drame de l'amputation, l'exemple de cet homme peut se dupliquer à d'autres situations que nous rencontrerons tous.
En 2019, j'ai perdu mon père et me suis occupé de toutes les démarches administratives en voulant remettre tout au nom de ma mère, et bien je n'ai pas encore terminé..... :zen
je peux vous dire qu'il n'y a pas que l'administration qui lit les dossiers en diagonale.
Etant mandataire pour ma mère et présenté en tant que tels, aucun organisme (bancaire, assurance, énergie, administratif,....) n'a eu bon du 1er coup.
ils ont meme réussi à mettre mon propre abonnement EDF au nom de ma mère quand j'ai demandé à ce que ce ne soit plus le nom de mon père qui apparaisse sur l'abonnement de mes parents.

Enfin bref, inutile d'en mettre plus mais la déshumanisation liée en partie à la dématérialisation, le j'en foutisme parfois (mais pas que) généré par la surcharge de travail, l'incompétence, engendre de l'abattage et du torchage de dossier avec le résultat qui en découle.

Bon courage à lui qui doit en plus supporter de la connerie, sa situation de handicap.....
Cdt Dgero :signe :fume
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paraglandeur
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Re: Le parcours du combattant d'un amputé

Message par paraglandeur »

@dgero ton témoignage vient malheureusement confirmer le sentiment que nous avons tous plus ou moins.

En fait, tout semble fait pour mettre des bâtons dans les roues aux gens.
La carte grise : c'est à vous de tout faire.
Refaire une carte d'identité : je vous conseille de tout préparer sur internet, vu tout ce qu'il faut fournir.
Les démarches administratives : c'est à vous de tout faire.
Envoyer un simple paquet par la poste : il existe encore des guichets, mais où le/la prépose(e) vous regarde de travers si vous n'avez pas tout préparé sur votre ordi.
La vente d'un véhicule : il vous faut initier un dossier via internet, afin de récupérer un code qu'il vous faudra transmettre à l'acheteur afin que ce soit lui qui finalise le dossier.

Hier, j'ai initié ma demande de retraite, et j'ai dû le faire via internet, car si j'avais voulu le faire "en présentiel", il fallait attendre au moins 3 semaines que l'on m'envoie un dossier papier, puis, une fois en possession de ce dossier, prendre un rendez-vous dans une antenne locale "en sachant qu'ils ont beaucoup de travail et que les délais sont inconnus, et que en plus, ce sera à vous de prévenir les caisses complémentaires éventuelles, alors que si vous le faites par internet, c'est automatique" !!!

Et les personnes qui ne sont pas à l'aise avec un clavier, une souris, ou qui n'ont tout bonnement pas de "smart-phone" comme ma belle sœur, ils font comment ???
Et ceux qui sont (toujours comme ma belle sœur) dans une zone blanche ?

Sans compter la possibilité de corruption des données, des possibles pannes informatiques...
Il ne faudrait pas que les sites internet en ".gouv" de notre belle administration soient pris pour cible d'un ransomware quelconque !
On a bien vu ce qui s'est passé pour la société Kaseya qui gérait les caisses enregistreuses des magasins Coop et de stations service en libre service : tout à l'arrêt.
Dématérialiser, c'est bien pour ceux qui savent appréhender l'outil informatique, mais il ne faudrait pas laisser les autres sur le bas côté en les regardant avec mépris.
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Re: [HS]Le parcours du combattant d'un amputé

Message par jobric »

tout comme toi PARAGLANDEUR j'ai fait mon dossier retraite début juillet et a ce jour toujours rien reçu pour continuer ce dossier ! pour en revenir a cette personne qui a perdu sa
jambe , certains experts sont là pour vous pourrir la vie j'ai eu le cas avec le premier expert de mon accident mais faut pas lâcher c'est long c'est sur , courage a lui !

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Re: [HS]Le parcours du combattant d'un amputé

Message par TiTi »

Ben moi le dossier retraite s'est bien mis en place tout seul ou presque !
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Re: [HS]Le parcours du combattant d'un amputé

Message par Montludo »

Pour ma part, l'administration a changé mon deuxième prénom sur mon permis de conduire lors d'un renouvèlement de permis poids lourd...

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Re: [HS]Le parcours du combattant d'un amputé

Message par paraglandeur »

Montludo a écrit :
01 sept. 2021, 20:49
Pour ma part, l'administration a changé mon deuxième prénom sur mon permis de conduire lors d'un renouvèlement de permis poids lourd...
Comme quoi, il peut y avoir des nuls DERRIERE l'ordi, par uniquement DEVANT comme on voudrait nous le faire croire lorsqu'on fait une réclamation :lol: :lol: :lol: :lol:
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